« Ca va Harry, arrête d’être vieux jeu : facebook, BBM, twitter et tout c’est d’la balle !! Les réseaux sociaux, c’est le futur alors arrête de nous gonfler là !!»
A mon sens, oui et non, et il faut être très vigilant et conscient de la portée de ces outils. Je ne m’étalerais pas sur les aspects positifs et pratiques qui sont biens connus : messagerie instantanée, partage d’information, réception de courriel en temps réel sur son téléphone portable et accès constant à un GPS « Google Map » sont quelques exemples.
Mais est-ce si positif ? Je pense que non, car cette culture de l’instantané et du multi-tasking nous empêche de nous concentrer sur le moment présent, quel qu’il soit.
Déconnexion. Lire ses e-mails professionnels le soir ou le week-end est déjà en soi pas très malin, mais c’est l’intervalle entre les moments où l’on vérifie ses e-mails/facebook/BBM qui est le pire à mon sens. Car le fait de savoir que l’on n’est qu’à un clic d’un e-mail tant attendu, d’une remarque sur Facebook à propos d’une photo qu’on vient de poster, ou d’un message instantané via BBM donne l’impression d’être connecté au réseau virtuel, mais en fait déconnecte du réseau réel, du ici et maintenant. En effet, la conséquence est qu’une sorte de programme mental fonctionne en arrière-plan de toutes nos activités tel un bourdonnement incessant « Alors, j’attends toujours cette réponse à ma blague postée sur facebook… mince j’ai pas répondu à mon ami alors qu’il sait que je pourrais prendre 30 secondes sur mon iPhone pour lui répondre… » etc. C’est donc une déconnexion sociale, où le réseau virtuel se superpose constamment au réseau bien réel, au risque de lui prendre sa place.
Déficit de l’attention. Cette multitude de moyens de communication et d’information en tout sens entraîne également une perte d’attention. C’est à vrai dire une conséquence directe de la déconnexion décrite plus haut. Cela nous rend moins apte à nous concentrer activement sur une tâche précise, que ce soit dans un environnement de travail ou dans les relations sociales. Une illustration de ce déficit est l’oreillette main-libre des téléphones cellulaires que tant de personnes gardent constamment à l’oreille, telle une extension du corps humain à la cyborg. Ce déficit de l’attention est à mon sens grandement lié aux louanges vouées au multi-tasking. En effet, partout l’on porte à l’Homme multi-tâche des vertus d’homme parfait, idéal, productif, partout en tout temps, mêlant famille et travail et travail et famille, mêlant au travail un appel téléphonique, des envois d’e-mail et des rencontres internes simultanément. Le premier problème est que en réalité on ne peut pas faire deux tâches en même temps, ou plutôt ne peut pas faire deux tâches en leur portant la même attention en même temps. C’est un fait établi (John Medina, Brain Rules). Le second problème est que malgré cette règle de bon sens supportée par la neuroscience, le monde du travail encourage le multi-tasking qui est vu comme une qualité et même un requis. Les conséquences sont un mépris de l’attention et de la concentration au profit bien sûr du travail mal fait.
Détracteurs. Pour mes détracteurs, il ne s’agit bien évidemment pas de tirer un trait sur le progrès pour aller faire du fromage bio en Tasmanie, loin de là ! Il s’agit plutôt d’être conscient des conséquences profondes qu’apportent ces nouveaux outils technologies, de savoir les utiliser à bon escient mais aussi de les questionner. Par exemple, le multi-tasking peut plutôt être appréhendé comme une organisation sans faille qui permet d’aligner les tâches les unes après les autres en leur donnant 100% d’attention, plutôt que de papillonner et de perdre en efficacité.
Pour finir, je voudrais faire venir à votre esprit quelques images/situations.
Quelques références à ce sujet :
Premier commentaire!
RépondreSupprimerComme tu ne manques pas d'humour, un petit dessin au sujet de la proliferation des reseaux sociaux.
"Google+, un vrai plus ou un réseau social de plus ?"
http://vidberg.blog.lemonde.fr/files/2011/06/151_googleplus1.gif
Puisque le progres c'est mal, j'imagine que ta prochaine entree n'oubliera pas d'expliquer que les livres ont lentement mais surement remplacer les histoires partagees publiquement par un troubadour ou autre. A mediter ;)
Cela dit je suis d'accord, il faut savoir consommer avec moderation et ajouter un peu de savoir vivre.
Pem
Pas mal ce "strip" (en tout bien tout honneur) mais malheureusement si proche de la réalité! Pas mal aussi d'avoir dépoussiérer le mot "troubadour" dont j'avais oublié l'existence ;)
RépondreSupprimerJe suis 100% d'accord avec toi Harry. Je pense qu'il est par ailleurs possible de s'interroger comme Jacques Ellul sur le bien fondée de "la société de la technique". Nous vivons dans une société ou la technique est nécessairement et systématiquement vu comme un progrès, et donc jamais remis en question. Pourtant elle porte en elle de nombreux danger. D'autre part elle n'est presque jamais soumise au choix démocratique: le nucléaire ne l'a pas été, internet, la convergence numérique non plus. Ce progrés "arrive" simplement. Mais qu'en attendons nous? Sommes nous vraiment plus heureux qu'il y a 50 ans? De quoi manquons nous vraiment aujourd'hui?
RépondreSupprimerRaf