mardi 13 décembre 2011

L'homosexualité, c'est (un peu) génétique

Être gay-friendly, c’est très en vogue. Mais voilà, parfois je ressens de l’inconfort à ce sujet… Sans doute lié à une incompréhension de l’homosexualité, une sorte de flou, de gêne en un mot. Récemment au fil de lectures cet inconfort s'est dissipé pour laisser place à une meilleure compréhension et ici je tente de partager ces faits éclairants.

Alors pêle-mêle et à l’apparence décousue, je (dé-)livre ici quelques idées en vrac - à l’image de mon blog – étayées par des faits qui ont participé à une meilleure compréhension de l’homosexualité. Je n’hésite pas à commencer par affirmer que l’homosexualité a une origine génétique. Je poursuis ensuite en me penchant sur le futur de l’homosexualité : est-il voué à disparaître ?

L'origine génétique de l'homosexualité.

L’orientation sexuelle est complexe, et le spectre est large. De l’hétérosexualité à l’homosexualité en passant par les bi- , tri- et quadras… Euh excusez, je m’égare. Il s’agit d’identifier- sans pour autant ignorer cette complexité - l’origine génétique de l’homosexualité que j’illustre ici avec deux expériences simples mais cependant assez convaincantes.

Expérience numéro 1. L’homosexualité c’est (un peu) génétique. Prenez deux frères, dont un gay. Si les frères sont non-jumeaux, la probabilité pour que l’autre frère soit gay est de 25%. Mais s’ils sont jumeaux, la probabilité passe à 50%[1] ! Conclusion évidente : non, l’éducation et l’environnement seuls ne peuvent pas justifier ces chiffres et justifier le fait qu’une personne soit gay. Oui, en filigrane s’esquisse une influence génétique car les jumeaux partagent un bagage génétique bien plus similaire que les non-jumeaux. Dans la même veine, une autre étude montre que les hommes gays ont plus de parents gays dans leur arbre généalogique que n’en ont les hommes non-gays. Ca sent l’influence génétique à plein nez ça !

Expérience numéro 2. Chassez le naturel, l’inné : il revient au galop. Des garçons nés avec d’importantes déformations génitales ont dû être opérés à la naissance. Pour s’assurer de leur survie il se trouve que leur sexe fut transformé en vagin pour des raisons chirurgicales complexes. Ces garçons ont donc ensuite été éduqués en tant que filles. Or adultes maintenant, ils sont – contrairement à ce que les parents pensaient - tous attirés par les femmes[2]. Si l’influence éducative était si importante (je n’affirme pas qu’elle est inexistante), au moins un de ces garçons – puisque élevé en tant que fille - aurait dû être attiré par les hommes …

Mais attention : au large le déterminisme aveugle ! Il est clair que la composante génétique n’existe pas sans l’environnement. Mais il est tout autant clair qu’un certain bagage génétique favorisera l’expression de telle ou telle tendance, étant données des expériences de vies individuelles.

Evolution ou disparition?

En génétique, la sacrée évolution pointe son toujours son nez. Alors, en admettant une influence génétique au fait d’être gay, abordons les problématiques liées à l’évolution. Puisque les gays n’ont (en général) pas d’enfants, comment les gènes gays ont-ils pu malgré tout être transmis à travers les générations? Comment n’ont-ils pas doucement disparus par le mécanisme de la sélection naturelle ? En effet on pourrait affirmer que « Étant gay je n’ai pas d’enfant, donc je ne passe pas mes gènes à la génération suivante. » Ce raisonnement est infirmé par deux observations.

La première observation est que la réalité est autre : les gays ont toujours eu des enfants car les sociétés ont constamment été, souvent de façon virulente, anti-gay. La société a ainsi forcé les gays à avoir des enfants dans le cadre d’une union hétérosexuelle.

La seconde très sérieuse observation est d’ordre scientifique et est liée à la fécondité des femmes : le « gène gay » lorsque porté par une femme semble accroitre sa fécondité. Voyez plutôt : 100 hommes hétéros et 100 hommes gays ont été interrogés au sujet de leur famille - soit 4.600 membres en tout. Il ressort que les mères d’enfants gays ont en moyenne 2,7 enfants contre 2,3 pour les mères d’enfants non-gays. Et pour les tantes maternelles, 2,0 enfants en moyenne contre 1,5[3]. En un mot les familles dont un membre est gay sont plus fertiles ! Autrement dit, le bagage génétique « gay » étant propagé au sein d’une famille, cette famille est plus fertile qu’une famille non gay. L’on peut ainsi esquisser que le gène gay déclenche une fertilité plus élevée.

Mais éloignons-nous de ces considérations un peu trop chiffrées pour revenir aux faits de sociétés. On pourrait s’interroger sur les conséquences d’une acceptation – souhaitable à mon sens - du mariage gay par nos sociétés modernisées : évaporée la pression à se marier pour sauver les apparences et donc… disparue la descendance ! Paradoxalement, l’acceptation du fait gay par nos sociétés semble ainsi conduire à une disparition de celui-ci ?! Cette affirmation est culottée mais pourtant en ligne avec les éléments évoqués plus haut…

Ce sujet est tout autant polémique que vaste. Il est donc grand temps de conclure. Bref rappel à l’éventuel lecteur dont les cheveux s’hérissent face à l’argumentation génétique: il ne s’agit bien évidemment pas de fournir une lecture purement génétique de l'orientation sexuelle qui est bien plus complexe et dont l’origine n’est évidemment pas uniquement génétique. Il s’agit plutôt de prouver qu’il y a un sérieux faisceau d’éléments pointant vers une origine génétique de l’homosexualité. Ce qui est au final très beau et très simple[4]. Fini le discours culpabilisant autour d’une enfance mouvementée. Balayé l’argument « c’est pas naturel ». Balayée aussi ma propre gène euh… pardon… ma propre gêne !Lien



[1]
a. Article sur les jumeaux gays de Michael Bailey, de Northwestern University.
b. Article de Simon Le Vay, voir § "Twin Studies"
c. Revue du livre de Simon Le Vay "Gay, Straight and the Reason Why".

[3] Camperio-Ciani, A., et al. (2004). Evidence for maternally-inherited factors favouring male homosexuality and promoting female fecundity. Proceedoings of the Royal Society of London, B 271, 2217-2224. Article ici.

[4] Bel article présentant les faits tout en transmettant un humanisme radieux.

vendredi 11 novembre 2011

Les sportifs sont-ils bêtes?

On sait que « tu fais du sport, tu deviendras un beau gosse (un jour) », que « tu fais du sport, c’est bon pour la santé », et « tu fais du sport, t’es de bonne humeur ».

On peut désormais ajouter : «Tu fais du sport, tu facilites l’approvisionnement sanguin qui irrigue ton cerveau car tu crées – lors de l’exercice– un réseau plus dense de vaisseaux sanguins irriguant le cerveau. »

Vous voulez une image ? On voit à gauche les vaisseaux sanguins du cerveau de quelqu'un ayant pratiqué 3 heures de sport (en aérobie) lors des 10 dernières années, et à droite d'un non-pratiquant. Voilà un bon prétexte pour pratiquer le jeu des différences.

Votre conclusion devrait être: à gauche les réseaux sont plus nombreux, moins tortueux, caractérisant un cerveau plus jeune (1).

Le cerveau humain ne représente que 2% de la masse totale corporelle, mais consomme 20% d’énergie à lui tout seul. Il est évident qu’avec plus de vaisseaux l’irriguant, le cerveau devient potentiellement plus performant.

L’excellent http://www.brainrules.net/exercise traite de façon plus ludique et interactive le même sujet.



(1)« Aerobic activity in elderly subjects is associated with lower vessel tortuosity values and an increase in the number of small-caliber vessels.” http://www.ajnr.org/content/30/10/1857.abstract

(2) Un article traitant du même sujet. http://uncsom.wordpress.com/2009/07/08/brain-blood-vessels-love-exercise/

Crédits d'image: http://www.asportsbetting.com

mercredi 2 novembre 2011

La haine, c'est mal.

Pensez à une personne que vous détestez. Non sans blague, allez y prenez quelques secondes. Il est probable qu’à cette pensée vous ayez des sentiments haineux qui grandissent, et aussi une envie de diffamer cette personne. Ca fait énormément de bien de discuter avec ses amis et sa famille de telle ou telle personne qui est vraiment odieuse, qui nous a fait ceci, et même cela, et qui, vraiment, mériterait de souffrir une mort lente. À vrai dire, pourquoi ne pas faire le travail soi-même, une bonne vieille batte de baseball pourrait faire l’affaire après tout ?

Il est en fait assez logique - et prouvé aussi – que ce type de raisonnement ne fait de mal à personne d’autre qu’à la personne qui rumine. Quand on sait que s’entraîner à faire du piano chaque jour pendant une semaine augmente drastiquement la taille de la partie du cerveau qui gère la main (cf les 3 premières minutes de cette vidéo en anglais), imaginez la transformation physiologique, dans votre cerveau, qui s’opère passe lorsque vous ruminez sur une personne ou situation donnée ! Dans la même idée, il est prouvé que lors d’états émotionnels négatifs (tristesse, dépression, haine) le corps génère plus de cortisol qui est l’horrible hormone du stress et est très néfaste lorsque secrétée de façon chronique. Éprouver et partager des pensées haineuses est en fait nocif pour la personne, c’est une certitude et nous l’avons tous vécu.

Une méthode assez intéressante consiste à méditer sur ces pensées haineuses de la manière suivante :

1. faire venir à l’esprit la personne envers qui l’on éprouve de la haine. Exemple : je pense à Roger que je n’aime pas du tout. Son image vient à mon esprit.

2. Cela devrait assez facilement faire venir à l’esprit les mauvaises pensées et la rumination. Exemple : Roger, je le déteste. Je suis sûr qu’il est en train de manigancer un coup bas contre moi. J’aurais dû lui répondre sèchement l’autre fois. C’est vraiment un salaud. Ah si j’étais plus costaud, on n’aurait réglé ça au poing. Etc. A ce moment, il s’agit de prendre conscience que ce sont ces pensées en elles-mêmes qui sont néfastes, et pas forcément la personne. En fait la personne n’a rien fait de nouveau à ce moment, ces pensées surgissent de nulle part. Il ne se passe rien en réalité, au moment présent !

3. Enfin et c’est l’étape la moins intuitive, il s’agit d’essayer objectivement de se mettre dans la peau de Roger et de comprendre ses motivations à lui. Bien souvent, c’est une sorte d’exercice de vérité car l’on sait on fond de nous que, certes cette personne est caractérielle mais qu’elle essaie aussi de faire coïncider ses propres problématiques qui n’ont absolument rien n’à voir avec nous. Ce qui est bien différent de l’image que l’on se crée qui est plutôt souvent du type : « Roger, il n’a qu’un but dans la vie, c’est de me faire du mal à moi Harry M ainsi qu’aux autres, il ne pense qu’à moi du matin au soir tel un démon maléfique.» Ce qui est bien sûr incorrect. Exemple : Certes, Roger, il me fait chier. Mais c’est vrai qu’il a ce problème d’argent ce qui explique son comportement la dernière fois. Il ne voulait pas expressément faire du mal à Harry M mais est plutôt esclave de ses propres problèmes et du coup les répercute sur moi. Oui il m’a fait chier, mais non il ne pense pas qu’à moi du matin au soir afin de me faire du mal. Bien sûr que non !

La méthode semble assez enfantine, et contient encore une fois le mot méditation qui peut en effrayer certain.

Mais j’aime voir cela plus généralement comme un exercice – difficile - de vérité objective. Il est très contre-intuitif de ne pas être de mauvaise foi et de tenter de voir les choses telles qu’elles sont. Ça peut sembler agréable d’éprouver de la haine car on a l’impression de se venger. Et pourtant, on sait à quel point la vérité objective –le chemin le moins intuitif-, apporte sérénité et bonheur… Sans pour autant se voiler la face ou accepter la méchanceté d'autrui, ça permet au moins de relativiser et d'avoir une vision juste de la situation.

(Au fait, qu'on soit clair: je déteste des gens comme tout le monde, et je ne prétends pas appliquer ces méthodes ou être un quelconque exemple, bien entendu! Je souhaite plutôt partager quelques pensées qui m'ont été parfois utiles.)

mercredi 7 septembre 2011

Le leurre de l'escapisme

Êtes-vous parfois submergé par un fort stress ou par des émotions négatives, épris de colère ou de passion? Vous recherchez des méthodes pour essayer de mieux gérer ce types d'émotions?

Vous avez alors très certainement vu ce type d'image, qui semblent apporter une solution apaisante à ce type de comportement -et je ne parle pas de la fille, bien entendu! Et oui, il existe de nombreuses méthodes qui à mon sens s'apparentent à cette image. Je pense à l'hypnose de relaxation (aussi appelée auto-hypnose lorsqu'elle est pratiquée sur soi-même), aux diverses techniques de visualisation conseillant de prendre quelques minutes et de justement s'imaginer dans un paysage serein et paradisiaque (qui en faits'apparentent à de l'auto-hypnose), et je pense aussi aux techniques de méditation qui suggèrent qu'il s'agit en méditation de penser à des paysages paradisiaques pour calmer l'esprit. La PNL (programmation neuro-linguistique) tombe aussi dans cette catégorie puisqu'elle vise (entre autre, et je simplifie) à identifier puis supprimer les mauvaises pensées, pour ensuite en générer des positives.


Mais cette image apaisante qui résume ces méthodes, aussi efficaces soient-elles sur le court terme, est exactement résumée - pour moi - en un mot: escapisme. C'est une manière efficace d'échapper à la situation du présent moment et qui ne nous convient pas, dont on a peur parfois, et de s'évader dans une imagerie mentale agréable. Et ça marche clairement.

L'escapisme, au risque de m'attirer les foudres de certains lecteurs, est aussi pour moi présent dans toute croyance religieuse, mystique ou new-age. Mon propos n'est pas d'affirmer que ce types de croyances a des conséquences ou des racines foncièrement négatives, loin de là. Le propos est plutôt d'affirmer l'existence de et d'identifier la composante "escapiste" liée à ces pensées. Selon moi ces modes de pensées requièrent tous d'une part une suspension de la rationalité à un moment ou à un autre (c'est un autre sujet, et vaste!), et d'autre part font état d'une aspiration à une situation meilleure - l'au delà, le paradis, l'enfer, la récompense, le miracle, et j'en passe. La pensée réconfortante de la situation meilleure/du miracle/de l'intervention de telle ou telle entité agit à mon sens exactement comme le fait l'imagerie mentale et l'évasion vers une plage rayonnante et sereine. C'est donc une autre forme d'escapsime.

A nouveau, l'escapisme selon moi n'est pas foncièrement mauvais et même plutôt bénéfique à court terme: il permet de s'évader, de puiser de l'espoir dans une visualisation apaisante, ou bien à travers une issue positive espérée voire totalement fantasmée, mais pas forcément réaliste.

Cependant, il existe une alternative à cet escapisme. Et toute alternative à l'escapisme implique naturellement un grand courage, car ne pas verser dans l'escapisme, c'est être prêt à affronter la réalité en face, quelle qu'elle soit, sans même essayer de s'y soustraire! Cette alternative est à la fois:
  • simple
  • courageuse
  • réaliste
Je pense tout simplement à la pratique de la méditation telle qu'enseignée maintenant en occident par des grands maîtres bouddhistes qui rendent cette pratique séculaire. Je ne prétend pas dans cet article l'expliquer en détail, mais je souhaite plutôt balayer d'un revers de main l'idée selon laquelle la pratique de la méditation serait réservée aux faiblards, en recherche de nirvanas ou de plages ensoleillées plânant sur un nuage (pour ça, les joints marchent mieux d'ailleurs non?). La méditation, loin de ces idées préconçues, ne consiste pas à ignorer les sensations/émotions déagréables pour les remplacer par du soleil et du sable. Elle consiste plus simplement à l'identification des moments d'émotions fortes y compris très désagréables, et à leur observation dénuée de jugement. Il s'agit presque, pour reprendre Yongey Mingyour Rinpotché, de faire ami-ami avec ces émotions désagréables et de les accueillir sans jugement. Et ça, ça demande du courage et pas des moindres! C'est une pratique extrêmement résiliente sur le long terme qui à mon sens évite de façon très élégante et simple l'écueil de l'escapisme, et permet de mieux se connaître soi-même, de mieux comprendre nos automatismes et habitudes mentales ainsi que notre façon d'appréhender notre monde.

mercredi 24 août 2011

Un vin rouge qui débaroule le cerveau!


Bon, c'est sûr que ça (cf photo ci-dessus), ça remplacera jamais un bon jus d'orange frais matinal... Et malgré ce que ce sublime montage suggère, il ne s'agit pas dans cet article de parler des lendemains difficiles, ni même de vin à dire vrai.

Voyez plutôt: considérez un scientifique au nom poissonneux, Frédéric Brochet par exemple. Ce petit malin convie 57 connaisseurs de vins se lèchant les babines à la perspective d'une séance de dégustation sympathique. Deux verres, un verre de blanc et un verre de rouge sont au programme. Ah oui, un détail: le rouge est en fait... le même blanc, teinté avec un colorant inodore et sans goût!!!

Résultat? Tous, oui tous les 57 connaisseurs, décrivent le verre de rouge avec du vocabulaire exclusivement réservé au vin rouge. En un mot, tous sont persuadés que leurs sens boivent du rouge. Je répète, différemment: pas un seul des testeurs n'a remis en cause le verre de rouge comme n'étant pas rouge. C'est fou non?

On prend les mêmes, et on recommence. (Ca vous fait penser à certaines crises financières passées? C'est normal...). Toujours deux verres de rouge, et du vrai cette fois. Toujours des vrais connaisseurs de vin. Un Brochet. L'anguille sous roche? Il s'agit en fait d'un unique vin rouge moyen, cette fois déguisé soit dans une bouteille de pauvre vin de table soit dans une bouteille de grand cru. A nouveau, nos attendrissants connaisseurs apportent leur expertise: pour le vin issu de la bouteille de grand cru, ils utilisent des qualificatifs comme "agréable, boisé, balancé, complexe" quand celui présenté dans la bouteille de vin de table est qualifié de "faible, court, léger, plat". 40 des connaisseurs ne jurent que par le supposé grand cru et seulement 12 testeurs naviguent à contre courant et élisent le vin issue de la bouteille moche.

Première remarque, c'est que j'aurais A-DO-RE être là au moment où le Brochet annonce à ces messieurs dames les connaisseurs de quoi il retourne.

La seconde remarque fut: "Trahison!" J'ai immédiatement pensé à un certain repas "gastronomique" offert par mon ami Jon en compagnie d'autres excellents amis, où chaque fromage étaient mieux présentés les uns que les autres, sans parler des boissons. Peut-être est-il lui aussi un Brochet, peut-être a-t-il masqué de l'écoplus par des belles paroles et une présentation parfaite?!

Troisième remarque: à vrai dire le coeur du sujet est moins léger et vivant que ça. Car je veux en fait aborder la neuroscience ici, et l'évolution.

On comprendra que la raison qui se cache derrière cette erreur de jugement qui semble grossière a priori, est à chercher du côté de l'héritage dû à l'évolution et à notre cerveau. Pour tenter de faire court, l'évolution a lieu sur des millions d'années, pour partir d'une bactérie il y a plusieurs milliards d'années et pour lentement buissonner vers des formes de vie de plus en plus complexes et arriver à des résultats que l'on voit: l'ensemble des espèces vivantes que l'on côtoie. Et l'espèce humaine fait partie intégrante de ce processus d'évolution. Mais il y a un énorme décalage d'échelle temporelle. En effet, alors que l'évolution façonne les espèces sur des millions d'années, on sait bien que l'espèce humaine a depuis quelques milliers d'années fait des progrès extraordinaire. La découverte du feu, fabrication des outils, création des sociétés, puis une croissance plus qu'exponentielle depuis des centaines d'années grâce à la technologie et au savoir. Il apparaît alors que l'Homme a amélioré sa vie dans un laps de temps de environ 2 000 ans, mais en ce même temps l'Evolution n'a... rien fait du tout! C'est trop court 2 000 ans pour que l'Evolution ne change l'Homme.

En suivant ce raisonnement: l'Homme se trimballe des héritages désuets- aussi bien biologiques que comportementaux - façonnés par l'évolution et qui favorisaient la survie de l'Homme à l'époque des smilodons. On peut donc ainsi avoir une lecture (passionnante à mon sens!) évolutionniste des comportements & de la biologie actuelle de l'Homme.

Pour conclure, deux commentaires qui se basent sur cette lecture évolutionniste des comportements humains. D'abord, cette expérience autour du vin démontre à quel point la vision est un sens extrêmement important. Pensez, à l'époque du smilodon, à l'importance de la mémoire visuelle... Je dois me souvenir du chemin parcouru pour trouver tel ou tel aliment, pour éviter tel ou tel falaise ou danger, pour reconnaitre (avant même l'odorat) un aliment ou un animal menaçant etc. Pour ce type de raison (assez simplistes et simplifiées ici), l'Homme a (eu besoin d') une mémoire visuelle phénoménale qu'on sous-estime trop souvent... Inversement et pour les mêmes raisons, l'Homme a une mémoire des chiffres, des lettres et des mots très faible: à quoi sert de mémoriser ce genre de codes dans un monde pleins de smilodons? Non, décidément, les images c'est mieux.*

Deuxième remarque, toujours liée à l'ami Brochet: contrairement à ce qu'on peut croire, notre perception sensorielle n'est pas parfaite et objective avec par exemple nos yeux qui joueraient le rôle d'une caméra infaillible. Non, non et non. Notre perception est entièrement intégrée avec notre cerveau. Je veux dire que chaque stimulus perçu est immédiatement
  • comparé avec ce que l'on connaît déjà à ce sujet, notre mémoire, nos expériences passées
  • confronté avec ce que perçoivent simultanément les autres sens - goût ou l'odorat (avec comme on l'a compris avec le vin une domination certaine et absolue de la vue sur tous les autres sens)
L'interprétation de chaque stimulus est, à l'aide de ces comparaisons et confrontations, immédiatement réajusté en temps réel pour faire sens - au prix d'une objectivité jamais atteinte - mais au service d'une intelligence phénoménale et absolument fascinante.

*En guise d'anecdote,( et qui sait d'ouverture pour un autre article), c'est en utilisant cette maîtrise du visuel et en remplaçant les chiffres/lettres par des images que les surdoués de la mémoire comme Kim Peek ("Rain Man") ou d'autres prodiges sont capables de mémoriser des quantités phénoménales d'information. En essence, ils ne font qu'utiliser de manière plus intelligente les atouts dont l'évolution nous a doté: la puissance des images dans ce cas.

Références.
Brain Rules, John Medina => Le livre, le site web, et l'infographie.
Article relatant l'expérience de Frédéric Brochet.

jeudi 28 juillet 2011

La métaphore du filet d'Indra

Selon cette métaphore, chaque individu est représenté par chaque nœud du filet d’Indra. A chaque nœud se trouve un pendentif qui brille, et ainsi donc illumine chacun des autres nœuds du filet. Les hommes seraient donc tous connectés les uns aux autres et auraient une influence mutuelle les uns sur les autres, à l’image de ces diamants qui brillent sur tous les autres nœuds. Je ne peux m’empêcher de trouver cette métaphore séduisante, même si cela semble, de prime abord, totalement dépourvu de sens. Mais est-ce vraiment dépourvu de sens ?

T’as de gros yeux tu sais ?

Un nouveau-né qui voit sa maman la reconnait immédiatement, et sa pupille subit u

n réflexe : elle se dilate dès qu’il voit sa maman. Cette dilatation n’a lieu avec personne d’autre que la maman. Les études semblent indiquer que ce réflexe est un moyen pour le nouveau-né de s’assurer l’attention entière de sa maman. En effet, tout le monde – y compris donc la maman - réagit positivement à des pupilles dilatées, les études sont claires : un individu devant choisir entre deux personnes identiques sur une photo choisira systématiquement la photo affichant des pupilles dilatées. Sur un registre plus sensuel, en anglais une expression dédiée à ce réflexe parle de « bedroom eyes ». Amis célibataires (ou pas), guettez-donc ce regard dilaté – synonyme de bedroom eyes sauf - chez vos cibles potentielles !

Une gueule de souris.

La connexion entre les êtres humains ne se limite pas à ce simple exemple. Il est clair que les interdépendances sont nombreuses. Quelqu’un me sourit gentiment, j’aurais tendance à renvoyer le même sourire et à savourer un instant agréable. Quelqu’un me fait la gueule, j’aurais tendance à ressentir des émotions négatives, sur l’instant au moins.

Je vois vraiment pas le rapport…

Deux personnes qui partagent un bon moment sont souvent « en rapport ». C'est-à-dire qu’inconsciemment les gestes de Gontran seront reproduits par Jean-Bernard, les mots de Jean-Bernard seront repris par Gontran dans un processus vertueux : (i) plus le courant passe, plus les gestes et expressions seront reproduits, et (ii) plus ils sont reproduits plus il semble que le courant passe. Je le constate personnellement lorsque que je me retrouve avec des amis de longue date : j’utilise naturellement et inconsciemment les mêmes expressions qu’eux, et souvent ils utilisent les miennes. Et vous, avez-vous déjà constaté ça ?

Hé cousin ! Bien ou bien ?!

Nous faisons tous partie de la même famille, j’entends au sens propre du terme. Ne descendons-nous pas tous de la même tribu d’hominidés? On l’oublie souvent, mais ce petit groupe comptait initialement environ 200 individus et tous - oui vous et les 6 autres milliards d’Hommes-, nous descendons de ces hirsutes primates.

Un peu de dessin.

Certes, je ne crois pas que mon action aura une quelconque répercussion sur Grégorio au Méxique, sur Eustache au Portugal ni même sur Cha en Iran, comme semble le suggérer la métaphore du filet d’Indra selon laquelle chaque individu rayonne sur chaque autre. Par contre il est clair que nous sommes tous interconnectés dans une certaine mesure et j’ai tenté d’explorer quelques exemples. Pour finir sur une note animée, voici une vidéo empathique.



Crédits d'image.

Creative Commons License, George Shuklin.

Steven Aitchison

lundi 11 juillet 2011

Avoir une longue queue, c’est sexuel!












Pourquoi diable un paon a-t-il une si grande et une si belle queue ? Pourquoi les animaux -notamment les oiseaux- sont-ils si multicolores, quand je rappelle que tous les mammifères sont ternes et pauvres en couleurs? Pourquoi - notamment chez les oiseaux- ce sont toujours les mâles qui sont beaux et colorés quand les femelles sont ternes et plutôt moches (moineaux y compris cf photo)? Et surtout, avec de si beaux attributs, comment ces animaux peuvent-ils tout de même échapper à leur prédateurs ?

Il va falloir faire appel à l’ami Darwin, qui a énoncé la fameuse théorie de l’évolution par la sélection naturelle. Cette sélection naturelle s’opère par deux moyens. Le premier moyen de sélection est la mort : tout individu porteur de caractères qui ne lui permettent pas de survivre périra et donc ne pourra pas générer de descendance. Le second moyen est la sélection sexuelle, c'est-à-dire que tout mâle qui ne s’accouple pas avec une femelle ne pourra pas générer de descendance (deux graphes illustrent ces idées). Laissons de côté pour cette fois la sélection par la mort pour nous attarder plutôt sur la sélection sexuelle.

La sélection sexuelle, autrement dit le choix d’une femelle pour un mâle et pas un autre, peut avoir lieu de deux manières. Soit un mâle est proclamé « mâle dominant » suite à la victoire d’un combat. Au titre de mâle dominant, il sera donc choisi par toutes -ou presque- les femelles du groupe. Typiquement, l'éléphant de mer (cf photo) suit ce scénario. Laissons ce scenario de côté aussi. La seconde manière, moins violente, est lorsqu’un mâle séduit les femelles par son apparence, par ses attributs. Ces attributs peuvent être – chez les oiseaux – des plumes de couleurs vives, un sac d’air rouge vif, une crête rouge comme le coq ou, bien sûr, une queue comme celle du paon.

Pour reprendre : on se concentre sur un aspect de la sélection naturelle, à savoir la sélection sexuelle opérée lorsque une femelle choisit un mâle, et parmi les critères de choix d’une femelle pour un mâle, on laisse de côté le choix pour un mâle dominant mais on se concentre plutôt sur le choix pour un mâle « sexy » comme par exemple un paon doté d’une excellente queue.
Mais comment l'évolution à favorisé de tels attributs, en dépit de l'évident risque lié à un piètre camouflage? Plusieurs réponses.


Tout d’abord, il y a la théorie du « bon gène » : si un mâle arbore une queue colorée, c’est sa manière de vendre aux femelles ses qualités génétiques et affirmer sa bonne santé. Autrement dit, plumes colorées sont synonymes de mâles en bonne santé. Et un quelconque parasite ou défaut génétique empêche un attribut, comme par exemple la collerette d’un coq, de se développer :le mâle ne peut donc pas mentir sur ses attributs.

La seconde, plus surprenante, est la théorie du beau-gosse. Selon cette théorie, les femelles sont attirées par un mâle dès lors qu’il arbore un attribut différent des autres. Ainsi si un mâle d’une espèce normalement bleue naît avec une queue colorée jaune, il est très probable que les femelles soient toutes attirées par ce nouveau jeune jaune. Ceci fonctionne d’autant plus chez les espèces dont les mâles paradent sur un lieu donné (appelé un "lek", cf graphe ci-dessous), puisqu’il est très facile pour une femelle de choisir un mâle beau-gosse sans faire aucun effort : ils sont tous là sous ses yeux dans un même lieu à parader. Ce qui est assez fou, c’est qu’une fois que ce processus de choix vers un beau-gosse est amorcé, un vulgaire phénomène de « mouton de Panurges » est enclenché : les autres femelles vont alors être attirées vers ce nouveau beau-gosse, au titre qu’il est justement courtisé par d’autres femelles.

Lek-diagram fr

En pratique, les notions d’attributs « beau-gosse » et « bon-gène » sont toutes deux dans la nature. Bien évidemment de tels attributs ne sont viables que s’ils permettent d’engendrer plus de descendants. C'est-à-dire que certes un mâle terne souffre peu de prédation, mais il est alors peu attractif pour les femelles. L’évolution Darwinienne « crée » des mâles colorés si et seulement si son succès auprès des femelles (et donc les progénitures qu’il génère) dépasse les dangers qu’il court dus à son camouflage réduit.

Trois remarques en guise d’ouverture. Tout d’abord, lorsque j’écris l’évolution « crée » des mâles comme ceci ou comme cela, il est entendu que c’est une image : l’évolution ne crée rien de manière intelligente, mais plutôt engendre des changements au sein d’individus, changements dus au pur hasard génétique et sélectionnés selon l’environnement du moment.

Ensuite, je trouve que ces explications sont loin de mécaniser la nature ou de lui ôter sa beauté. Au contraire elles rendent un hommage très fort et très respectueux à la nature, tout en essayant de la comprendre. A dire vrai, je suis encore plus admiratif d’animaux comme les paons ou les tétras d’Ambroises qu’avant. Et vous?

Enfin, je n'ai pas oublié l'interrogation de début: pourquoi les mammifères sont-ils si ternes? Saviez-vous que les mammifères ne voient que 2 couleurs (les primates 3) tandis que la plupart des oiseaux en voient 5 ? Voilà la réponse donc, puisque les oiseaux voient autant de couleurs, ça fait sens d'utiliser les couleurs comme signal.

Quelques autres exemples d'attributs masculins ci dessous:

























Références:

The Red Queen Theory: Sex and Evolution of Human Nature, Matt Ridley.

Crédits d'images:

Northern Elephant Seals Fighting, Piedras Blancas, San Simeon, CA 02feb2008. Canon 1D Mark III w/ 600mm f/4 IS lens on tripod.

Dick Daniels (http://carolinabirds.org/)

http://berkeley.edu/news/media/releases/2009/03/11_streamer.shtml

http://www.1-costaricalink.com/costa_rica_fauna/house_sparrow.htm



vendredi 1 juillet 2011

Mon frère Sami :)

Sami Morge – Maison de retraite La Fare les Oliviers from ARTEI on Vimeo.



Si vidéo ne marche pas, cliquez ici

Une gymnastique de l'esprit

La méditation attire les foules.

Foule de méditants de toutes sortes. Des new ages farfelus transportés par des visions d’aura, de chakras lumineux et autres expériences extraordinaires, aux ascètes minimalistes et austères, en passant par des bouddhistes affirmés.

Foules de détracteurs aussi, plus ou moins allergiques à la méditation et ce qui l’entoure, et plus ou moins ouverts au mot même de méditation souvent pour ces détracteurs synonymes d’illuminés irrationnels !

L’objet de cet article est de tenter d’apporter plus de clarté autour de la méditation, d’apaiser les esprits et, qui sait, attiser la curiosité de certains ?

Quelques préliminaires.

La méditation selon moi :

  • est un entraînement de l’esprit aussi simple que la pratique sportive,
  • n’a pas le moindre lien avec quoique ce soit de surnaturel ni de religieux, et
  • n’est pas non plus synonyme de maîtrise des émotions et du comportement dans une vision manichéenne de fouettage vigoureux.
  • ne produit pas des personnes « vieux jeu » et austère, ni des personnes perchées fumant des joints et parlant d’énergies mystiques à tout va
  • est simple, saine et scientifiquement prouvée.

Ceci étant dit, allons-y.

Pratique de l’attention.

La méditation est un hymne à la conscience et à l’attention portée au moment présent. Voilà comment j’illustrerai le concept de conscience/attention de manière simple : lorsqu’on mange devant un écran (télé, ordinateur) par exemple, on n’est pas (ou très peu) conscient de ce qu’on mange. On n’est pas dans l’attention ou la conscience. Par contre, lorsque l’on déguste une gourmandise comme une glace ou un chocolat (Nutella ?) on est (en général) dans l’attention/conscience du goût de l’aliment.

La méditation (idéalement pratiquée quotidiennement) consiste à cultiver cette attention au moment présent, quel qu’il soit, de la manière suivante, souvent assis en tailleur dans un endroit plutôt calme. On alterne entre :

  • moment où l’attention est simplement portée au moment présent, sans aucun jugement. Tout ce qui passe par la tête est simplement remarqué de façon consciente. A chaque fois qu’on se laisse emporter par un raisonnement/une rêverie et que l’on perd l’attention, à mesure qu’on se rend compte de cet égarement on ramène simplement son attention à ce dont on pensait, de manière consciente.
  • ensuite, moment où l’attention est portée vers un objet plus précis, comme un son, une image, une sensation ou une pensée. En réalité, peu importe l’objet lui-même, il s’agit simplement de porter son attention sur quelque chose de défini et précis. Ici aussi l’esprit va inévitablement se laisser emporter par des rêveries auquel cas il faut simplement ramener son attention à l’objet, sans se blâmer.
  • on revient à l’attention portée au moment présent sans objet précis. Ainsi de suite, en alternant.

Quelques effets notables.

Cette pratique peut sembler à certains assez stérile voire enfantine. Cependant, il n’en n’est rien et malgré la facilité de l’exercice les conséquences profondes sont complexes, bénéfiques et durables. (Par ailleurs, notez que cette pratique est le fondement de la méditation mais que d'autres pratiques plus avancées existent et j'en toucherait un mot dans d'autres articles.) Voici quelques effets notables à mon sens, sans mentionner l’évident effet relaxant de cette pratique.

On prend du recul sur notre expérience. Il faut comprendre que pendant cette pratique, bien que le but soit d’appliquer son attention à chaque instant, l’esprit part en vadrouille sans cesse, l’esprit se lance dans des rêveries, l’esprit virevolte en tout sens. L’esprit parfois mêle émotions fortes ou ressentiment envers une personne pour soudainement s’attacher à un son de klaxon ou pour penser au petit-déjeuner qui suit la séance. Ainsi, en répétant cette pratique chaque jour, on s’habitue à se rendre compte que les pensées ne sont pas permanentes, réelles et presque solides. On s’aperçoit que les pensées fluctuent et fusent à une vitesse phénoménale, et ainsi que notre réalité (=nos pensées) n’est pas si solide et permanente que l’on croit. C'est ainsi qu'on prend du recul sur notre expérience en un mot, et on donne moins de poids à nos pensées, car chaque jour l’on se rappelle que les pensées vont et viennent surgissant de nulle part et disparaissent sans crier gare.

On est de plus en plus présent à chaque moment vécu et donc on vit plus « pleinement ». En effet, l’idée est de ne pas limiter l’expérience de méditation aux 20 minutes quotidiennes, mais idéalement de porter son attention chaque instant au cours de la journée. Faire de la méditation quotidienne agit comme une piqûre de rappel pour la journée: « Ah oui c’est vrai: essayer de rester en conscience à chaque instant ».

De nombreux corollaires. Dû à une attention plus aiguë de chaque instant, en découle généralement une meilleure capacité à se concentrer, meilleure perception des relations humaines, meilleur mémoire, meilleure gestion du stress etc.

Une science de l’esprit

L’efficacité et la véracité de la méditation n’est plus à prouver : cette tradition millénaire cultivée par des générations de moines bouddhistes est corroborée de façon précise et sans appel par la science la plus poussée du 21è siècle. Grâce à un dialogue constructif entre moines bouddhistes et scientifiques, la méditation est sortie de son carcan religieux bouddhiste pour devenir une pratique séculaire. Quelques liens instructifs à ce sujet:

lundi 27 juin 2011

Le progrès c'est mal.

« Ca va Harry, arrête d’être vieux jeu : facebook, BBM, twitter et tout c’est d’la balle !! Les réseaux sociaux, c’est le futur alors arrête de nous gonfler là !!»

A mon sens, oui et non, et il faut être très vigilant et conscient de la portée de ces outils. Je ne m’étalerais pas sur les aspects positifs et pratiques qui sont biens connus : messagerie instantanée, partage d’information, réception de courriel en temps réel sur son téléphone portable et accès constant à un GPS « Google Map » sont quelques exemples.

Mais est-ce si positif ? Je pense que non, car cette culture de l’instantané et du multi-tasking nous empêche de nous concentrer sur le moment présent, quel qu’il soit.

Déconnexion. Lire ses e-mails professionnels le soir ou le week-end est déjà en soi pas très malin, mais c’est l’intervalle entre les moments où l’on vérifie ses e-mails/facebook/BBM qui est le pire à mon sens. Car le fait de savoir que l’on n’est qu’à un clic d’un e-mail tant attendu, d’une remarque sur Facebook à propos d’une photo qu’on vient de poster, ou d’un message instantané via BBM donne l’impression d’être connecté au réseau virtuel, mais en fait déconnecte du réseau réel, du ici et maintenant. En effet, la conséquence est qu’une sorte de programme mental fonctionne en arrière-plan de toutes nos activités tel un bourdonnement incessant « Alors, j’attends toujours cette réponse à ma blague postée sur facebook… mince j’ai pas répondu à mon ami alors qu’il sait que je pourrais prendre 30 secondes sur mon iPhone pour lui répondre… » etc. C’est donc une déconnexion sociale, où le réseau virtuel se superpose constamment au réseau bien réel, au risque de lui prendre sa place.

Déficit de l’attention. Cette multitude de moyens de communication et d’information en tout sens entraîne également une perte d’attention. C’est à vrai dire une conséquence directe de la déconnexion décrite plus haut. Cela nous rend moins apte à nous concentrer activement sur une tâche précise, que ce soit dans un environnement de travail ou dans les relations sociales. Une illustration de ce déficit est l’oreillette main-libre des téléphones cellulaires que tant de personnes gardent constamment à l’oreille, telle une extension du corps humain à la cyborg. Ce déficit de l’attention est à mon sens grandement lié aux louanges vouées au multi-tasking. En effet, partout l’on porte à l’Homme multi-tâche des vertus d’homme parfait, idéal, productif, partout en tout temps, mêlant famille et travail et travail et famille, mêlant au travail un appel téléphonique, des envois d’e-mail et des rencontres internes simultanément. Le premier problème est que en réalité on ne peut pas faire deux tâches en même temps, ou plutôt ne peut pas faire deux tâches en leur portant la même attention en même temps. C’est un fait établi (John Medina, Brain Rules). Le second problème est que malgré cette règle de bon sens supportée par la neuroscience, le monde du travail encourage le multi-tasking qui est vu comme une qualité et même un requis. Les conséquences sont un mépris de l’attention et de la concentration au profit bien sûr du travail mal fait.

Détracteurs. Pour mes détracteurs, il ne s’agit bien évidemment pas de tirer un trait sur le progrès pour aller faire du fromage bio en Tasmanie, loin de là ! Il s’agit plutôt d’être conscient des conséquences profondes qu’apportent ces nouveaux outils technologies, de savoir les utiliser à bon escient mais aussi de les questionner. Par exemple, le multi-tasking peut plutôt être appréhendé comme une organisation sans faille qui permet d’aligner les tâches les unes après les autres en leur donnant 100% d’attention, plutôt que de papillonner et de perdre en efficacité.

Pour finir, je voudrais faire venir à votre esprit quelques images/situations.



Lien

Quelques références à ce sujet :

Article publié par Wired.

Être distrait rend triste.