mercredi 2 novembre 2011

La haine, c'est mal.

Pensez à une personne que vous détestez. Non sans blague, allez y prenez quelques secondes. Il est probable qu’à cette pensée vous ayez des sentiments haineux qui grandissent, et aussi une envie de diffamer cette personne. Ca fait énormément de bien de discuter avec ses amis et sa famille de telle ou telle personne qui est vraiment odieuse, qui nous a fait ceci, et même cela, et qui, vraiment, mériterait de souffrir une mort lente. À vrai dire, pourquoi ne pas faire le travail soi-même, une bonne vieille batte de baseball pourrait faire l’affaire après tout ?

Il est en fait assez logique - et prouvé aussi – que ce type de raisonnement ne fait de mal à personne d’autre qu’à la personne qui rumine. Quand on sait que s’entraîner à faire du piano chaque jour pendant une semaine augmente drastiquement la taille de la partie du cerveau qui gère la main (cf les 3 premières minutes de cette vidéo en anglais), imaginez la transformation physiologique, dans votre cerveau, qui s’opère passe lorsque vous ruminez sur une personne ou situation donnée ! Dans la même idée, il est prouvé que lors d’états émotionnels négatifs (tristesse, dépression, haine) le corps génère plus de cortisol qui est l’horrible hormone du stress et est très néfaste lorsque secrétée de façon chronique. Éprouver et partager des pensées haineuses est en fait nocif pour la personne, c’est une certitude et nous l’avons tous vécu.

Une méthode assez intéressante consiste à méditer sur ces pensées haineuses de la manière suivante :

1. faire venir à l’esprit la personne envers qui l’on éprouve de la haine. Exemple : je pense à Roger que je n’aime pas du tout. Son image vient à mon esprit.

2. Cela devrait assez facilement faire venir à l’esprit les mauvaises pensées et la rumination. Exemple : Roger, je le déteste. Je suis sûr qu’il est en train de manigancer un coup bas contre moi. J’aurais dû lui répondre sèchement l’autre fois. C’est vraiment un salaud. Ah si j’étais plus costaud, on n’aurait réglé ça au poing. Etc. A ce moment, il s’agit de prendre conscience que ce sont ces pensées en elles-mêmes qui sont néfastes, et pas forcément la personne. En fait la personne n’a rien fait de nouveau à ce moment, ces pensées surgissent de nulle part. Il ne se passe rien en réalité, au moment présent !

3. Enfin et c’est l’étape la moins intuitive, il s’agit d’essayer objectivement de se mettre dans la peau de Roger et de comprendre ses motivations à lui. Bien souvent, c’est une sorte d’exercice de vérité car l’on sait on fond de nous que, certes cette personne est caractérielle mais qu’elle essaie aussi de faire coïncider ses propres problématiques qui n’ont absolument rien n’à voir avec nous. Ce qui est bien différent de l’image que l’on se crée qui est plutôt souvent du type : « Roger, il n’a qu’un but dans la vie, c’est de me faire du mal à moi Harry M ainsi qu’aux autres, il ne pense qu’à moi du matin au soir tel un démon maléfique.» Ce qui est bien sûr incorrect. Exemple : Certes, Roger, il me fait chier. Mais c’est vrai qu’il a ce problème d’argent ce qui explique son comportement la dernière fois. Il ne voulait pas expressément faire du mal à Harry M mais est plutôt esclave de ses propres problèmes et du coup les répercute sur moi. Oui il m’a fait chier, mais non il ne pense pas qu’à moi du matin au soir afin de me faire du mal. Bien sûr que non !

La méthode semble assez enfantine, et contient encore une fois le mot méditation qui peut en effrayer certain.

Mais j’aime voir cela plus généralement comme un exercice – difficile - de vérité objective. Il est très contre-intuitif de ne pas être de mauvaise foi et de tenter de voir les choses telles qu’elles sont. Ça peut sembler agréable d’éprouver de la haine car on a l’impression de se venger. Et pourtant, on sait à quel point la vérité objective –le chemin le moins intuitif-, apporte sérénité et bonheur… Sans pour autant se voiler la face ou accepter la méchanceté d'autrui, ça permet au moins de relativiser et d'avoir une vision juste de la situation.

(Au fait, qu'on soit clair: je déteste des gens comme tout le monde, et je ne prétends pas appliquer ces méthodes ou être un quelconque exemple, bien entendu! Je souhaite plutôt partager quelques pensées qui m'ont été parfois utiles.)

7 commentaires:

  1. Je suis d'accord avec le fond, mais qui connait encore des Rogers de nos jours, ce "glorieux guerrier" dont le prénom ne s'est donné que 4 fois en France en 2010, sérieusement ?!

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  2. Toi, tu as en main un livre des prénoms non? Par contre Roger ça marche pas pour une fille, je précise à tout hasard...

    Je suis tout à fait d'accord sur la rareté de ce prénom, ce qui m'a permis de prendre un exemple tout en restant neutre. Enfin, comme dirait Gontrand, bon vent!

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  3. Pour revenir sur la phrase "Ca fait énormément de bien de discuter avec ses amis et sa famille de telle ou telle personne qui est vraiment odieuse" :
    60% des conversations ont pour objet un absent sur lequel on émet un jugement. Médire fait du bien et permet de se rassurer sur soi-même. De plus cela permet de créer du lien social. Alors moi je dis : la haine, c'est un peu bien.

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  4. Moi, j'adore chier sur les gens dans leurs dos. Malgré tout je préfère exprimer mes mécontentements en face à face avec Roger, je me sens tellement mieux après! Ca vaut toutes les méditations du monde!!!! Aaarrrrgh!!!!

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  5. @Etienne: Je suis d'accord avec ce que tu affirmes, c'est clair qu'une énorme partie des conversations c'est des ragots et des critiques sur telle ou telle personne. Cependant je m'attaque ici non pas aux ragots assez communs mais à ceux très puissants qui se rapprochent de la haine. Se moquer ou se plaindre d'une personne c'est une chose, mais discuter avec haine d'un sujet ne fait que le renforcer et fait monter une haine qui n'est pas salvatrice, à mon sens en tout cas. (je suis pile en train de vivre ça d'ailleurs, et ruminer me fait plus de mal que de bien malheureusement...) Donc oui, la mi-haine c'est un peu bien, mais pas trop non plus.
    @Cha: c'est vrai que dire les choses en face fait du bien et désamorce les situations, mais c'est encore un autre sujet. Et puis Roger, il ne t'as rien fait à toi non plus non?
    Merci pour vos commentaires en tout cas :) N'hésitez pas à me contredire si vous êtes pas d'accord!

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  6. Tout a fait en accord avec toi.... les chiens ne font pas des chats , n'est ce pas ?!

    Une technique similaire est de prendre conscience que Roger doit etre très en souffrance et malheureux pour etre aussi agressif , chiant et donc mal dans sa peau . C'est la COMPASSION .
    A partir de ce moment là ; on peut meme envisager de partager avec lui son mal-etre , de l'aider ne serait ce que par l'écoute ,et l'AMOUR prendra la place de la HAINE .

    Mais comment peut arriver à ce changement de comportement ?
    Par la méditation , tu as raison . Mais il faut , à mon sens , y rajouter une petite dose de spiritualité qui nous aide aussi à trouver une réponse à cette question essentielle:
    Pourquoi suis-je venu sur terre .Quelle est ma mission ?

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  7. De mon coté, je connais le même Roger qu'Harry ;) et je dois dire que c'est très difficile de ne pas le detester. j'ai rarement (voir jamais) rencontré un personnage aussi antipathique. Mais il est clair que les personnes mal dans leur peau, transmettent leur mal-être à leur entourage. C'est vrai que ruminer peut souvent faire plus de mal que de bien mais en discuter et ne pas refouler peut être bénéfique. Je suis totalement d'accord, la haine c'est pas bien du tout! ;)

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