jeudi 28 juillet 2011

La métaphore du filet d'Indra

Selon cette métaphore, chaque individu est représenté par chaque nœud du filet d’Indra. A chaque nœud se trouve un pendentif qui brille, et ainsi donc illumine chacun des autres nœuds du filet. Les hommes seraient donc tous connectés les uns aux autres et auraient une influence mutuelle les uns sur les autres, à l’image de ces diamants qui brillent sur tous les autres nœuds. Je ne peux m’empêcher de trouver cette métaphore séduisante, même si cela semble, de prime abord, totalement dépourvu de sens. Mais est-ce vraiment dépourvu de sens ?

T’as de gros yeux tu sais ?

Un nouveau-né qui voit sa maman la reconnait immédiatement, et sa pupille subit u

n réflexe : elle se dilate dès qu’il voit sa maman. Cette dilatation n’a lieu avec personne d’autre que la maman. Les études semblent indiquer que ce réflexe est un moyen pour le nouveau-né de s’assurer l’attention entière de sa maman. En effet, tout le monde – y compris donc la maman - réagit positivement à des pupilles dilatées, les études sont claires : un individu devant choisir entre deux personnes identiques sur une photo choisira systématiquement la photo affichant des pupilles dilatées. Sur un registre plus sensuel, en anglais une expression dédiée à ce réflexe parle de « bedroom eyes ». Amis célibataires (ou pas), guettez-donc ce regard dilaté – synonyme de bedroom eyes sauf - chez vos cibles potentielles !

Une gueule de souris.

La connexion entre les êtres humains ne se limite pas à ce simple exemple. Il est clair que les interdépendances sont nombreuses. Quelqu’un me sourit gentiment, j’aurais tendance à renvoyer le même sourire et à savourer un instant agréable. Quelqu’un me fait la gueule, j’aurais tendance à ressentir des émotions négatives, sur l’instant au moins.

Je vois vraiment pas le rapport…

Deux personnes qui partagent un bon moment sont souvent « en rapport ». C'est-à-dire qu’inconsciemment les gestes de Gontran seront reproduits par Jean-Bernard, les mots de Jean-Bernard seront repris par Gontran dans un processus vertueux : (i) plus le courant passe, plus les gestes et expressions seront reproduits, et (ii) plus ils sont reproduits plus il semble que le courant passe. Je le constate personnellement lorsque que je me retrouve avec des amis de longue date : j’utilise naturellement et inconsciemment les mêmes expressions qu’eux, et souvent ils utilisent les miennes. Et vous, avez-vous déjà constaté ça ?

Hé cousin ! Bien ou bien ?!

Nous faisons tous partie de la même famille, j’entends au sens propre du terme. Ne descendons-nous pas tous de la même tribu d’hominidés? On l’oublie souvent, mais ce petit groupe comptait initialement environ 200 individus et tous - oui vous et les 6 autres milliards d’Hommes-, nous descendons de ces hirsutes primates.

Un peu de dessin.

Certes, je ne crois pas que mon action aura une quelconque répercussion sur Grégorio au Méxique, sur Eustache au Portugal ni même sur Cha en Iran, comme semble le suggérer la métaphore du filet d’Indra selon laquelle chaque individu rayonne sur chaque autre. Par contre il est clair que nous sommes tous interconnectés dans une certaine mesure et j’ai tenté d’explorer quelques exemples. Pour finir sur une note animée, voici une vidéo empathique.



Crédits d'image.

Creative Commons License, George Shuklin.

Steven Aitchison

lundi 11 juillet 2011

Avoir une longue queue, c’est sexuel!












Pourquoi diable un paon a-t-il une si grande et une si belle queue ? Pourquoi les animaux -notamment les oiseaux- sont-ils si multicolores, quand je rappelle que tous les mammifères sont ternes et pauvres en couleurs? Pourquoi - notamment chez les oiseaux- ce sont toujours les mâles qui sont beaux et colorés quand les femelles sont ternes et plutôt moches (moineaux y compris cf photo)? Et surtout, avec de si beaux attributs, comment ces animaux peuvent-ils tout de même échapper à leur prédateurs ?

Il va falloir faire appel à l’ami Darwin, qui a énoncé la fameuse théorie de l’évolution par la sélection naturelle. Cette sélection naturelle s’opère par deux moyens. Le premier moyen de sélection est la mort : tout individu porteur de caractères qui ne lui permettent pas de survivre périra et donc ne pourra pas générer de descendance. Le second moyen est la sélection sexuelle, c'est-à-dire que tout mâle qui ne s’accouple pas avec une femelle ne pourra pas générer de descendance (deux graphes illustrent ces idées). Laissons de côté pour cette fois la sélection par la mort pour nous attarder plutôt sur la sélection sexuelle.

La sélection sexuelle, autrement dit le choix d’une femelle pour un mâle et pas un autre, peut avoir lieu de deux manières. Soit un mâle est proclamé « mâle dominant » suite à la victoire d’un combat. Au titre de mâle dominant, il sera donc choisi par toutes -ou presque- les femelles du groupe. Typiquement, l'éléphant de mer (cf photo) suit ce scénario. Laissons ce scenario de côté aussi. La seconde manière, moins violente, est lorsqu’un mâle séduit les femelles par son apparence, par ses attributs. Ces attributs peuvent être – chez les oiseaux – des plumes de couleurs vives, un sac d’air rouge vif, une crête rouge comme le coq ou, bien sûr, une queue comme celle du paon.

Pour reprendre : on se concentre sur un aspect de la sélection naturelle, à savoir la sélection sexuelle opérée lorsque une femelle choisit un mâle, et parmi les critères de choix d’une femelle pour un mâle, on laisse de côté le choix pour un mâle dominant mais on se concentre plutôt sur le choix pour un mâle « sexy » comme par exemple un paon doté d’une excellente queue.
Mais comment l'évolution à favorisé de tels attributs, en dépit de l'évident risque lié à un piètre camouflage? Plusieurs réponses.


Tout d’abord, il y a la théorie du « bon gène » : si un mâle arbore une queue colorée, c’est sa manière de vendre aux femelles ses qualités génétiques et affirmer sa bonne santé. Autrement dit, plumes colorées sont synonymes de mâles en bonne santé. Et un quelconque parasite ou défaut génétique empêche un attribut, comme par exemple la collerette d’un coq, de se développer :le mâle ne peut donc pas mentir sur ses attributs.

La seconde, plus surprenante, est la théorie du beau-gosse. Selon cette théorie, les femelles sont attirées par un mâle dès lors qu’il arbore un attribut différent des autres. Ainsi si un mâle d’une espèce normalement bleue naît avec une queue colorée jaune, il est très probable que les femelles soient toutes attirées par ce nouveau jeune jaune. Ceci fonctionne d’autant plus chez les espèces dont les mâles paradent sur un lieu donné (appelé un "lek", cf graphe ci-dessous), puisqu’il est très facile pour une femelle de choisir un mâle beau-gosse sans faire aucun effort : ils sont tous là sous ses yeux dans un même lieu à parader. Ce qui est assez fou, c’est qu’une fois que ce processus de choix vers un beau-gosse est amorcé, un vulgaire phénomène de « mouton de Panurges » est enclenché : les autres femelles vont alors être attirées vers ce nouveau beau-gosse, au titre qu’il est justement courtisé par d’autres femelles.

Lek-diagram fr

En pratique, les notions d’attributs « beau-gosse » et « bon-gène » sont toutes deux dans la nature. Bien évidemment de tels attributs ne sont viables que s’ils permettent d’engendrer plus de descendants. C'est-à-dire que certes un mâle terne souffre peu de prédation, mais il est alors peu attractif pour les femelles. L’évolution Darwinienne « crée » des mâles colorés si et seulement si son succès auprès des femelles (et donc les progénitures qu’il génère) dépasse les dangers qu’il court dus à son camouflage réduit.

Trois remarques en guise d’ouverture. Tout d’abord, lorsque j’écris l’évolution « crée » des mâles comme ceci ou comme cela, il est entendu que c’est une image : l’évolution ne crée rien de manière intelligente, mais plutôt engendre des changements au sein d’individus, changements dus au pur hasard génétique et sélectionnés selon l’environnement du moment.

Ensuite, je trouve que ces explications sont loin de mécaniser la nature ou de lui ôter sa beauté. Au contraire elles rendent un hommage très fort et très respectueux à la nature, tout en essayant de la comprendre. A dire vrai, je suis encore plus admiratif d’animaux comme les paons ou les tétras d’Ambroises qu’avant. Et vous?

Enfin, je n'ai pas oublié l'interrogation de début: pourquoi les mammifères sont-ils si ternes? Saviez-vous que les mammifères ne voient que 2 couleurs (les primates 3) tandis que la plupart des oiseaux en voient 5 ? Voilà la réponse donc, puisque les oiseaux voient autant de couleurs, ça fait sens d'utiliser les couleurs comme signal.

Quelques autres exemples d'attributs masculins ci dessous:

























Références:

The Red Queen Theory: Sex and Evolution of Human Nature, Matt Ridley.

Crédits d'images:

Northern Elephant Seals Fighting, Piedras Blancas, San Simeon, CA 02feb2008. Canon 1D Mark III w/ 600mm f/4 IS lens on tripod.

Dick Daniels (http://carolinabirds.org/)

http://berkeley.edu/news/media/releases/2009/03/11_streamer.shtml

http://www.1-costaricalink.com/costa_rica_fauna/house_sparrow.htm



vendredi 1 juillet 2011

Mon frère Sami :)

Sami Morge – Maison de retraite La Fare les Oliviers from ARTEI on Vimeo.



Si vidéo ne marche pas, cliquez ici

Une gymnastique de l'esprit

La méditation attire les foules.

Foule de méditants de toutes sortes. Des new ages farfelus transportés par des visions d’aura, de chakras lumineux et autres expériences extraordinaires, aux ascètes minimalistes et austères, en passant par des bouddhistes affirmés.

Foules de détracteurs aussi, plus ou moins allergiques à la méditation et ce qui l’entoure, et plus ou moins ouverts au mot même de méditation souvent pour ces détracteurs synonymes d’illuminés irrationnels !

L’objet de cet article est de tenter d’apporter plus de clarté autour de la méditation, d’apaiser les esprits et, qui sait, attiser la curiosité de certains ?

Quelques préliminaires.

La méditation selon moi :

  • est un entraînement de l’esprit aussi simple que la pratique sportive,
  • n’a pas le moindre lien avec quoique ce soit de surnaturel ni de religieux, et
  • n’est pas non plus synonyme de maîtrise des émotions et du comportement dans une vision manichéenne de fouettage vigoureux.
  • ne produit pas des personnes « vieux jeu » et austère, ni des personnes perchées fumant des joints et parlant d’énergies mystiques à tout va
  • est simple, saine et scientifiquement prouvée.

Ceci étant dit, allons-y.

Pratique de l’attention.

La méditation est un hymne à la conscience et à l’attention portée au moment présent. Voilà comment j’illustrerai le concept de conscience/attention de manière simple : lorsqu’on mange devant un écran (télé, ordinateur) par exemple, on n’est pas (ou très peu) conscient de ce qu’on mange. On n’est pas dans l’attention ou la conscience. Par contre, lorsque l’on déguste une gourmandise comme une glace ou un chocolat (Nutella ?) on est (en général) dans l’attention/conscience du goût de l’aliment.

La méditation (idéalement pratiquée quotidiennement) consiste à cultiver cette attention au moment présent, quel qu’il soit, de la manière suivante, souvent assis en tailleur dans un endroit plutôt calme. On alterne entre :

  • moment où l’attention est simplement portée au moment présent, sans aucun jugement. Tout ce qui passe par la tête est simplement remarqué de façon consciente. A chaque fois qu’on se laisse emporter par un raisonnement/une rêverie et que l’on perd l’attention, à mesure qu’on se rend compte de cet égarement on ramène simplement son attention à ce dont on pensait, de manière consciente.
  • ensuite, moment où l’attention est portée vers un objet plus précis, comme un son, une image, une sensation ou une pensée. En réalité, peu importe l’objet lui-même, il s’agit simplement de porter son attention sur quelque chose de défini et précis. Ici aussi l’esprit va inévitablement se laisser emporter par des rêveries auquel cas il faut simplement ramener son attention à l’objet, sans se blâmer.
  • on revient à l’attention portée au moment présent sans objet précis. Ainsi de suite, en alternant.

Quelques effets notables.

Cette pratique peut sembler à certains assez stérile voire enfantine. Cependant, il n’en n’est rien et malgré la facilité de l’exercice les conséquences profondes sont complexes, bénéfiques et durables. (Par ailleurs, notez que cette pratique est le fondement de la méditation mais que d'autres pratiques plus avancées existent et j'en toucherait un mot dans d'autres articles.) Voici quelques effets notables à mon sens, sans mentionner l’évident effet relaxant de cette pratique.

On prend du recul sur notre expérience. Il faut comprendre que pendant cette pratique, bien que le but soit d’appliquer son attention à chaque instant, l’esprit part en vadrouille sans cesse, l’esprit se lance dans des rêveries, l’esprit virevolte en tout sens. L’esprit parfois mêle émotions fortes ou ressentiment envers une personne pour soudainement s’attacher à un son de klaxon ou pour penser au petit-déjeuner qui suit la séance. Ainsi, en répétant cette pratique chaque jour, on s’habitue à se rendre compte que les pensées ne sont pas permanentes, réelles et presque solides. On s’aperçoit que les pensées fluctuent et fusent à une vitesse phénoménale, et ainsi que notre réalité (=nos pensées) n’est pas si solide et permanente que l’on croit. C'est ainsi qu'on prend du recul sur notre expérience en un mot, et on donne moins de poids à nos pensées, car chaque jour l’on se rappelle que les pensées vont et viennent surgissant de nulle part et disparaissent sans crier gare.

On est de plus en plus présent à chaque moment vécu et donc on vit plus « pleinement ». En effet, l’idée est de ne pas limiter l’expérience de méditation aux 20 minutes quotidiennes, mais idéalement de porter son attention chaque instant au cours de la journée. Faire de la méditation quotidienne agit comme une piqûre de rappel pour la journée: « Ah oui c’est vrai: essayer de rester en conscience à chaque instant ».

De nombreux corollaires. Dû à une attention plus aiguë de chaque instant, en découle généralement une meilleure capacité à se concentrer, meilleure perception des relations humaines, meilleur mémoire, meilleure gestion du stress etc.

Une science de l’esprit

L’efficacité et la véracité de la méditation n’est plus à prouver : cette tradition millénaire cultivée par des générations de moines bouddhistes est corroborée de façon précise et sans appel par la science la plus poussée du 21è siècle. Grâce à un dialogue constructif entre moines bouddhistes et scientifiques, la méditation est sortie de son carcan religieux bouddhiste pour devenir une pratique séculaire. Quelques liens instructifs à ce sujet: