mercredi 7 septembre 2011

Le leurre de l'escapisme

Êtes-vous parfois submergé par un fort stress ou par des émotions négatives, épris de colère ou de passion? Vous recherchez des méthodes pour essayer de mieux gérer ce types d'émotions?

Vous avez alors très certainement vu ce type d'image, qui semblent apporter une solution apaisante à ce type de comportement -et je ne parle pas de la fille, bien entendu! Et oui, il existe de nombreuses méthodes qui à mon sens s'apparentent à cette image. Je pense à l'hypnose de relaxation (aussi appelée auto-hypnose lorsqu'elle est pratiquée sur soi-même), aux diverses techniques de visualisation conseillant de prendre quelques minutes et de justement s'imaginer dans un paysage serein et paradisiaque (qui en faits'apparentent à de l'auto-hypnose), et je pense aussi aux techniques de méditation qui suggèrent qu'il s'agit en méditation de penser à des paysages paradisiaques pour calmer l'esprit. La PNL (programmation neuro-linguistique) tombe aussi dans cette catégorie puisqu'elle vise (entre autre, et je simplifie) à identifier puis supprimer les mauvaises pensées, pour ensuite en générer des positives.


Mais cette image apaisante qui résume ces méthodes, aussi efficaces soient-elles sur le court terme, est exactement résumée - pour moi - en un mot: escapisme. C'est une manière efficace d'échapper à la situation du présent moment et qui ne nous convient pas, dont on a peur parfois, et de s'évader dans une imagerie mentale agréable. Et ça marche clairement.

L'escapisme, au risque de m'attirer les foudres de certains lecteurs, est aussi pour moi présent dans toute croyance religieuse, mystique ou new-age. Mon propos n'est pas d'affirmer que ce types de croyances a des conséquences ou des racines foncièrement négatives, loin de là. Le propos est plutôt d'affirmer l'existence de et d'identifier la composante "escapiste" liée à ces pensées. Selon moi ces modes de pensées requièrent tous d'une part une suspension de la rationalité à un moment ou à un autre (c'est un autre sujet, et vaste!), et d'autre part font état d'une aspiration à une situation meilleure - l'au delà, le paradis, l'enfer, la récompense, le miracle, et j'en passe. La pensée réconfortante de la situation meilleure/du miracle/de l'intervention de telle ou telle entité agit à mon sens exactement comme le fait l'imagerie mentale et l'évasion vers une plage rayonnante et sereine. C'est donc une autre forme d'escapsime.

A nouveau, l'escapisme selon moi n'est pas foncièrement mauvais et même plutôt bénéfique à court terme: il permet de s'évader, de puiser de l'espoir dans une visualisation apaisante, ou bien à travers une issue positive espérée voire totalement fantasmée, mais pas forcément réaliste.

Cependant, il existe une alternative à cet escapisme. Et toute alternative à l'escapisme implique naturellement un grand courage, car ne pas verser dans l'escapisme, c'est être prêt à affronter la réalité en face, quelle qu'elle soit, sans même essayer de s'y soustraire! Cette alternative est à la fois:
  • simple
  • courageuse
  • réaliste
Je pense tout simplement à la pratique de la méditation telle qu'enseignée maintenant en occident par des grands maîtres bouddhistes qui rendent cette pratique séculaire. Je ne prétend pas dans cet article l'expliquer en détail, mais je souhaite plutôt balayer d'un revers de main l'idée selon laquelle la pratique de la méditation serait réservée aux faiblards, en recherche de nirvanas ou de plages ensoleillées plânant sur un nuage (pour ça, les joints marchent mieux d'ailleurs non?). La méditation, loin de ces idées préconçues, ne consiste pas à ignorer les sensations/émotions déagréables pour les remplacer par du soleil et du sable. Elle consiste plus simplement à l'identification des moments d'émotions fortes y compris très désagréables, et à leur observation dénuée de jugement. Il s'agit presque, pour reprendre Yongey Mingyour Rinpotché, de faire ami-ami avec ces émotions désagréables et de les accueillir sans jugement. Et ça, ça demande du courage et pas des moindres! C'est une pratique extrêmement résiliente sur le long terme qui à mon sens évite de façon très élégante et simple l'écueil de l'escapisme, et permet de mieux se connaître soi-même, de mieux comprendre nos automatismes et habitudes mentales ainsi que notre façon d'appréhender notre monde.